Altération de la motivation et des capacités de performance

31 août 2022 Nouvelles & Campagnes
Outre la conduite en état d’ivresse, la consommation de drogues comme le cannabis fait partie des grands risques de la circulation routière. Le problème : la plante de cannabis et, par conséquent, les dérivés du cannabis, contiennent du tétrahydrocannabinol (THC), une substance qui a un effet psychoactif sur l’ensemble du système nerveux central et provoque ainsi des modifications sensorielles. « Il ne faut pas du tout prendre cela à la légère », déclare le Dr Thomas Wagner, directeur des centres d’expertise agréés DEKRA pour l’aptitude à la conduite. « Car les consommateurs de produits à base de cannabis qui prennent le volant après avoir absorbé cette substance psychoactive constituent un danger pour la sécurité routière et mettent en doute leur aptitude à la conduite ». Ceci est d’autant plus vrai en cas de consommation fréquente et régulière de cette soi-disant drogue « récréative ». Le cannabis dans la circulation routière est l’un des thèmes traités dans l’édition 2022 du rapport sur la sécurité routière de DEKRA intitulé « Mobilité des jeunes ».
Outre les perspectives de formation limitées et les risques pour sa propre santé, la consommation de cannabis entraîne également un risque accru d’accidents de la route. « Le lien entre la quantité de cannabis consommée, la conduite sous l'influence de substances et les comportements à risque est manifeste », explique le Dr Thomas Wagner. Les sujets les plus vulnérables sont, par exemple, des personnes à la recherche d’expériences extrêmes, disposant de faibles capacités à se contrôler ou d’une personnalité encline à prendre des risques. « Les effets d’une consommation fréquente, régulière et surtout chronique de cannabis sont complexes et peuvent aussi bien comprendre des éléments liés à la motivation qu’à la capacité de performance » souligne l’expert de DEKRA qui renvoie, entre autres, aux résultats de ses recherches et études, qu’il a compilés et analysés avec le Professeur Dieter Müller de l’Institut für Verkehrsrecht und Verkehrsverhalten à Bad Dürrenberg pour un récent article sur le thème du cannabis dans la circulation routière paru dans le magazine allemand pour la sécurité routière.
« Ce sont tous les processus cognitifs essentiels à une conduite sûre qui peuvent être affectés », ajoute le Dr Wagner. Autrement dit la concentration, l’attention, la réactivité, la mémoire à court terme et la mémoire de travail, la psychomotricité ainsi que la perception temporo-spatiale. En matière de volonté de performance, le « syndrome amotivationnel » est connu depuis longtemps chez les consommateurs réguliers. Celui-ci se manifeste par une apathie, une perte de motivation et d'intérêt, et nuit à une conduite sûre. L’insécurité au volant observée après la consommation de cannabis concerne surtout le maintien de la trajectoire, la régulation de la vitesse et la gestion de la priorité aux feux ou aux carrefours. Notamment chez les jeunes conducteurs, on observe des anomalies liées à la consommation de cannabis, comme une conduite plus lente, des franchissements plus fréquents de la ligne médiane avec davantage de mouvements brusques du volant et des temps de réaction plus longs.