UNE COMMUNICATION CONFLICTUELLE EST PRÉJUDICIABLE À LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
La communication conflictuelle qui se développe entre les cyclistes et les automobilistes représente un risque pour la sécurité routière. Elle résulte avant tout d’un comportement qui est respectivement perçu par l’autre groupe d’usagers de la route comme inadapté, voire évalué comme agressif. Par exemple, on observe souvent un comportement agressif de cyclistes en réaction à des manœuvres de voitures considérées comme risquées. Le contraire est également vrai. Le stationnement sur les pistes cyclables, le dépassement avec un écart insufisant ou l’ouverture de portes de voitures sans faire attention sont également souvent considérés comme des provocations volontaires.
Les cyclistes sont généralement perçus par de nombreux automobilistes comme un « Outgroup » (Walker et al. (2007)) qui ne devrait pas rouler sur la route. Le refus, voire l’agressivité, sont ici la conséquence de la perception du cycliste comme « intrus » et du stress émotionnel qui en résulte. Cette perception est souvent constatée dans les pays où la proportion de cyclistes est faible et l’infrastructure dédiée peu développée. Les cyclistes et les automobilistes réagissent différemment aux situations de stress : alors que les cyclistes ont tendance à éviter les conflits ouverts, les automobilistes réagissent de manière plus conflictuelle. C’est également la conséquence de la perception différente de la sécurité subjective.
Une étude de Heesch, K. C. (2011) traite les expériences de cyclistes en matière de harcèlement ou de menaces par des automobilistes. 1 830 participants ont répondu à une enquête en ligne menée par Bicycle Queensland, une organisation de promotion de l’utilisation du vélo. 76 % des hommes et 72 % des femmes en tout ont rapporté du harcèlement ou des menaces par des automobilistes sur la route les douze derniers mois. Parmi leurs formes les plus fréquentes : non-respect des distances de sécurité (66 %), insultes (63 %) et harcèlement sexuel (45 %). La probabilité d’être exposé à de tels comportements dépend de facteurs tels que l’âge, le poids, l’expérience/la fréquence d’utilisation du vélo et le lieu. Les cyclistes d’un âge jeune à moyen expérimentés semblent être plus concernés que les plus âgés. Selon cette enquête, il en est de même pour les cyclistes qui sont sur la route dans un état d’esprit de compétition ou juste pour le plaisir, ainsi que pour ceux qui circulent dans des régions plus cossues.
La peur de tels actes de harcèlement sont un frein pour les personnes qui aimeraient faire du vélo, mais ne le font pas encore. Une approche pour y remédier serait l’organisation de campagnes afin d’attirer l’attention sur le comportement adapté sur la route et de rappeler les règles du code de la route ainsi que, en particulier, les droits des cyclistes sur la route. Une autre approche serait de profiter de la formation au permis de conduire pour sensibiliser les automobilistes à la diversité des usagers de la route, ainsi qu’à des aspects dangereux particuliers et à la nécessité de la sécurisation.