Un cocktail explosif
Quand viennent la fin de l’été et l’automne, le transit des véhicules de récolte sur les routes de campagne augmente le risque d’accident. « En période de récolte, des véhicules de récolte particulièrement nombreux, souvent lents et parfois très larges, se mêlent au trafic des véhicules légers et autres poids lourds, plus rapides. Cette situation crée un cocktail hautement explosif, de surcroît sur les routes qui présentent déjà le risque d’accident le plus élevé », explique Stefanie Ritter, accidentologue chez DEKRA.
Les tronçons sans visibilité, notamment, nécessitent une conduite défensive et fondée sur l’anticipation. Cela vaut aussi bien pour les voitures, les camions et les véhicules de livraison que pour les motocycles. Côtes et virages peuvent obstruer la vue, dissimulant par exemple un tracteur lent à la remorque pleine ou une large moissonneuse-batteuse. De telles situations ne laissent bien souvent qu’une minuscule fenêtre de temps pour réaliser un freinage d’urgence.
Les accidents sont fréquents lorsqu’un tracteur tourne à gauche dans un chemin de terre, entrant alors en collision avec une voiture ou une moto qui vient d’entamer un dépassement. Ces incidents sont parfois imputables à des clignotants masqués ou salis,
ajoute Stefanie Ritter. Autre situation dangereuse : quand une lourde machine de récolte s’engage sur une route de campagne en quittant un champ. Si un véhicule approche rapidement au même moment, les choses peuvent se corser.
Les tests de collision du département d’accidentologie de DEKRA ont montré qu'une personne à moto subissant un choc latéral à 60 km/h contre le pneu d'une moissonneuse-batteuse risquait déjà des blessures extrêmement graves, sinon mortelles. Lorsqu’une voiture entre en collision frontale à 67 km/h contre la structure fixe d'une machine de récolte, les éléments rigides pénètrent dans l’habitacle. Les dispositifs de sécurité passifs, airbag et ceinture de sécurité inclus, ne servent alors quasiment à rien.
« Pendant la saison des récoltes, une conduite particulièrement prudente est recommandée dans l’ensemble des zones rurales », rappelle Stefanie Ritter. En cas de vision partiellement obstruée et de distances de sécurité latérales insuffisantes, il faut renoncer à dépasser les machines de récolte, même lentes. Pour leur part, les personnes qui conduisent des véhicules de récolte ont le devoir de s’assurer que le marquage obligatoire est apposé sur leurs véhicules. Les éléments d’éclairage, dont notamment les clignotants et feux arrière, ne doivent pas être masqués ou sales. Pour les convois exceptionnels dont la largeur dépasse 3,50 mètres, un véhicule d’accompagnement est obligatoire.